Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Keamou Bogola Haba, a fait de la résolution des crises dans les fédérations sportives nationales l’une de ses priorités. Toutefois, la gestion actuelle de la crise au sein de la Fédération Guinéenne de Boxe (Feguiboxe) suscite de vives critiques. Loin de s’imposer comme arbitre neutre dans ce conflit, le ministre semble, selon plusieurs observateurs, prendre parti, ce qui alimente les tensions au lieu de les apaiser.
Une gestion controversée de la crise
En décembre 2024, treize des quatorze clubs statutaires de la Feguiboxe ont retiré leur confiance au président sortant, Alpha Amadou Balde, en raison de désaccords profonds sur sa gestion. Un bureau exécutif provisoire a été mis en place pour restaurer l’ordre et relancer les activités de la fédération. Cependant, le ministre Bogola Haba a récemment reçu en audience Alpha Amadou Baldé et Eyassu Wossen, ancien président de la Confédération Africaine de Boxe (AFBC), destitué de ses fonctions lors du congrès de l’AFBC tenu à Dubaï en décembre 2024.
Cette rencontre, perçue comme une reconnaissance implicite de l’ancien bureau, a provoqué une levée de boucliers parmi les membres frondeurs de la fédération. Beaucoup y voient une tentative de légitimer un bureau largement désavoué par la majorité des clubs guinéens.
Des enjeux internationaux et locaux mêlés
Selon les observateurs, Eyassu Wossen, désormais sans pouvoir décisionnel au sein de l’AFBC, chercherait un soutien pour regagner en influence sur la scène continentale. Cette manœuvre, soutenue par Alpha Amadou Baldé ,  est dénoncée comme une ingérence flagrante dans les affaires internes de la Feguiboxe, en violation des principes établis par l’Association Internationale de Boxe (IBA) et l’AFBC.
Un membre du bureau exécutif provisoire déclare :
“Un président d’une institution sportive internationale qui maîtrise les règles du sport n’a pas besoin de solliciter l’appui des autorités politiques pour influencer les fédérations nationales. Eyassu Wossen n’est pas à son premier séjour en Guinée, mais ses démarches récentes visent clairement à soutenir un président désavoué par la majorité des clubs guinéens.”
Des décisions contestées
Le ministre et ses interlocuteurs ont annoncé, à l’issue de cette audience, l’organisation du Championnat d’Afrique de boxe  prévu en Guinée au mois d’avril 2025. Cette annonce, pourtant non validée par la majorité des fédérations nationales lors des récents congrès de Kinshasa et de Dubaï, a été accueillie avec scepticisme. Elle est perçue comme un acte unilatéral, sans consultation ni légitimité, risquant d’aggraver davantage la crise au sein de la Feguiboxe.
Un appel à la neutralité et à la transparence
Face à cette situation, de nombreux acteurs appellent le ministre Bogola Haba à rester neutre et à œuvrer pour une médiation véritable. Les priorités devraient être le respect des décisions des clubs statutaires, la transparence dans les démarches et le rétablissement d’un cadre apaisé pour le développement de la boxe guinéenne.
En conclusion, la gestion de la crise à la Feguiboxe met en lumière les défis liés à la gouvernance des fédérations sportives nationales. Si le ministre veut réussir son ambition de redresser le sport guinéen, il devra adopter une posture impartiale et s’appuyer sur des processus démocratiques pour restaurer la confiance des acteurs du milieu.
Marif Youla