La maison du football guinéen vacille, et c’est peu dire. Depuis la révocation controversée de Bouba Sampil, orchestrée dans un parfum de règlement de comptes, la Fédération Guinéenne de Football (FGF) s’enfonce inexorablement dans une crise profonde où règnent improvisation, amateurisme et guerre d’égos.
Ceux qui s’étaient présentés en sauveurs, promettant rupture, transparence et efficacité, se retrouvent aujourd’hui pris à leur propre piège. Le trio SBB:  Sorel, Barry, Blasco peine à dissimuler son désarroi, tandis que la machine fédérale s’enraye de jour en jour. Pire encore : la confiance s’effrite, même au sein de ce triumvirat jadis uni dans sa croisade contre l’ancien Président.
LA GRANDE ILLUSION
L’alternance à la tête de la FGF devait marquer un tournant. Elle n’est aujourd’hui qu’un fiasco à ciel ouvert. Loin de rompre avec les vieilles pratiques, la nouvelle équipe dirigeante semble enchaîner les décisions hasardeuses, quand elle ne se noie pas dans des querelles intestines. Les grands dossiers, ceux qui nécessitent vision, méthode et courage  sont laissés en jachère, pendant que l’on s’épuise à gérer l’ordinaire dans le désordre. Dans les coulisses de la Fédération, la gestion des affaires courantes a viré à l’errance. Plans de relance du football local ? Disparus. Réformes structurelles ? Enterrées. Projet de professionnalisation ? Aux abonnés absents. En lieu et place, des mesures cosmétiques, des luttes de positionnement et une communication brouillonne, comme si l’essentiel avait échappé à ceux-là mêmes qui ont conquis l’institution à coups de dénonciations.
Et que dire de l’attitude des responsables actuels, plus occupés à se surveiller mutuellement qu’à tracer une direction claire ? La cohésion s’effrite, les clans se forment, et la suspicion s’installe comme nouveau mode de gouvernance.
LA FÉDÉRATION AU BORD DE LA RUPTURE 
Le football guinéen, déjà fragilisé par des années de gestion contestée, est aujourd’hui livré à une forme d’anarchie silencieuse, où les compétences sont reléguées au second plan. La base (clubs, ligues régionales, encadreurs) s’interroge, les partenaires se détournent, et les supporters désabusés assistent, impuissants, à la chute lente mais certaine d’un édifice qu’on avait promis de rebâtir.
Car il ne suffit pas de s’emparer du pouvoir pour gouverner. Il faut des idées, une stratégie, du leadership. Or, ce qui manque cruellement aujourd’hui à la FGF, c’est cette capacité à faire face, à décider, à inspirer. L’empire vacille, et la révolte qui a fait tomber Sampil n’a visiblement accouché que d’un vide abyssal.
À peine quelques mois après leur prise de fonction, les nouveaux maîtres de la Fédération semblent dépassés par l’ampleur de la tâche. La réforme attendue s’est muée en régression visible, et les ambitions d’hier cèdent la place à une navigation à vue dangereuse pour l’avenir du football guinéen.
Dans un pays où le football est bien plus qu’un sport, cette dérive n’est pas anodine. Elle engage la responsabilité de ceux qui, par arrogance ou impréparation, ont cru que dénoncer suffisait à diriger.
N’famara Bangoura